
Beni-Santé : Gênés d’acheter un préservatif, nombreux jeunes prennent le risque de contracter une maladie sexuellement transmissible
Dans un reportage réalisé à Beni, au Nord-Kivu, par www.congorassure.cd, quatre jeunes sur cinq ont déclaré avoir été gênés plus d’une fois lorsqu’ils ont essayé d’acheter un préservatif auprès d’un pharmacien.
Selon R. Muzaliwa, un jeune entrepreneur local, cette honte est le résultat de la perception de la communauté selon laquelle le sexe est tabou : “Dans notre environnement, les gens ont tendance à juger ceux qui montrent ouvertement qu’ils sont sexuellement actifs”, explique-t-il.
“Lorsque vous demandez au vendeur de vous donner un préservatif, cela devient un sujet direct de jugement. Pire encore, lorsque le vendeur est un parent ou une connaissance”, déplore le jeune homme.
Pour échapper à ce ridicule, certains jeunes ont des rapports sexuels non protégés au risque d’attraper des Infections Sexuellement Transmissible, dont le VIH tout en s’exposant à des grossesses précoces et non désirées.
“J’ai eu plusieurs fois des rapports sexuels non protégés parce que je ne pouvais pas me procurer un préservatif par peur d’être jugé », a admis I. Shukuru, étudiant à l’université officielle de Semuliki.
Pour contourner cette situation embarrassante, d’autres jeunes comptent plutôt sur la gentillesse de certains agents de santé dans les différentes structures sanitaires de Beni. Paluku P. G un habitant du quartier Kasabinyole, en connaît quelque chose.
“Dans mon quartier, je suis chargé de récupérer les préservatifs auprès de l’infirmier chef de notre aire de santé. A mon tour, je viens les distribuer aux jeunes qui en ont besoin », explique-t-il. “Mais il arrive que les préservatifs ne soient plus disponibles au centre de santé”, dit-il d’un air déçu.
Cependant, il a été aussi noté que certains jeunes attendent des opportunités telles que les campagnes de sensibilisation pour obtenir des préservatifs loin du jugement.
“Dans nos mutuelles, universités, ou groupes de jeunes, certaines ONG viennent nous sensibiliser sur la lutte contre les IST et le VIH. Lorsqu’elles repartent, elles nous distribuent des préservatifs pour que nous nous protégions en cas de relations sexuelles”, reconnaît Julienne M.
“Il ne faut pas juger un jeune par le simple fait qu’il essaie d’acheter un préservatif, il faut plutôt l’encourager car il le fait pour sa protection et celle de son partenaire”, a pour sa part recommandé Mamy Muyisa, infirmière au centre de santé de Butsili.
D’après elle, les jeunes ne doivent pas non plus avoir honte des questions concernant la sexualité. “Le mieux est d’en parler calmement à un parent ou à un proche”, a-t-elle souligné.
Selon le rapport annuel du PNMLS, 21 581 cas de VIH ont été enregistrés au Nord-Kivu. La majorité des personnes atteintes ont entre 15 et 25 ans. “De nos jours, l’utilisation du préservatif, l’abstinence et le dépistage volontaire régulier restent les meilleurs moyens de prévenir les MST et le VIH” conseille l’organisme.
Nicole Lufungi, Beni