
La polémique autour de la gestion des 48 millions de dollars alloués par le gouvernement Congolais aux diocèses de la République démocratique du Congo (RDC) prend de l'ampleur. Le vice-premier ministre et ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba, a récemment soulevé des doutes sur l’utilisation de ces fonds. Ces accusations ont déclenché une vive réaction de la part de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO).
Jean-Pierre Bemba avait publiquement remis en question la transparence dans la gestion de ces fonds destinés à financer des projets sociaux dans les 48 diocèses de la RDC. Selon lui, certaines zones d’ombre subsistent, ce qui pourrait indiquer un manque de rigueur dans l’utilisation des ressources mises à disposition par l’État.
La réplique de la CENCO
Face à ces allégations, le secrétaire général de la CENCO, l’Abbé Donatien Nshole, a rejeté en bloc les accusations de Bemba. Il a déclaré qu’aucune opacité n’entoure la gestion des fonds et s’est dit favorable à des audits externes pour lever tout doute.
« Nous sommes ouverts à tout contrôle. Si des détournements sont prouvés, des sanctions fermes seront prises », a affirmé l’Abbé Nshole.
Il a également précisé que seuls deux acomptes de 300 000 dollars avaient été versés à chaque diocèse à ce jour, soulignant que l’intégralité des 48 millions n’avait pas encore été décaissée.
Une lettre qui alimente la polémique
Dans ce contexte tendu, une lettre ouverte adressée à Mgr François Xavier Maroy, archevêque de Bukavu, par des chrétiens de la paroisse Sainte Famille de Bagira, ajoute de l’huile sur le feu.
Les signataires dénoncent la gestion des fonds diocésains et demandent des explications sur l’utilisation des sommes reçues. Ils s’interrogent notamment sur les 1 million de dollars Américains que chaque diocèse aurait reçus et critiquent certaines réalisations, jugées dérisoires par rapport aux montants perçus.
« Qui peut croire que vous avez dépensé 1 million de dollars pour construire deux terrains de basket et de volley de qualité médiocre ? », écrivent-ils dans leur lettre.
Une gestion sous haute surveillance
Les accusations de malversations financières au sein de l’Église catholique, qui joue un rôle clé dans les domaines social, sanitaire et éducatif en RDC, soulèvent des questions sur la transparence et la responsabilité dans la gestion des finances publiques.
Pour sa part, l’Abbé Nshole a salué la confiance du gouvernement et du chef de l’État envers l’Église, tout en rappelant que des efforts doivent être faits pour préserver cette relation.
Cette controverse met éclairé les lanternes sur les défis de la gestion des fonds publics dans un pays où la corruption gangrène souvent les institutions. Si les accusations de Jean-Pierre Bemba et les doléances des paroissiens de Bukavu révèlent un certain malaise, elles appellent également à une réforme structurelle pour garantir une meilleure transparence et une utilisation efficiente des ressources destinées au bien-être de la population.
Diddy MASTAKI