
La République Démocratique du Congo a vivement réagi à un récent protocole d'entente entre le Rwanda et l'Union Européenne sur les ressources naturelles, exprimant des préoccupations majeures quant à son impact sur l'exploitation des ressources naturelles congolaises.
Le protocole d'entente en question vise à établir des chaînes de valeur durables pour les matières premières critiques entre l'UE et le Rwanda. Cependant, selon le gouvernement congolais, cette initiative favoriserait davantage l'exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC par le Rwanda, mettant en péril la souveraineté et le développement du pays.
Christophe Lutundula, ministre des Affaires Étrangères et de la Francophonie, a publiquement dénoncé cet accord, soulignant son incompatibilité avec les engagements antérieurs de l'Union Européenne envers la RDC. Le gouvernement congolais exige des clarifications de la part de l'UE sur ce qu'il considère comme un comportement ambigu et préjudiciable aux intérêts nationaux de la RDC.
“Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo attend des autorités de l'Union Européenne une clarification de ce comportement ambigu alors qu'elles ne cessent d'affirmer leur volonté de contribuer à la fin de la crise sécuritaire à l'Est du Congo ainsi que de l'exploitation illicite de ses richesses naturelles, et de renforcer la coopération de l'Union avec elle”, a déclaré le patron de la diplomatie congolaise.
Par ailleurs, la partie congolaise a tenu à rappeler que les enquêtes parlementaires et les rapports d'organisations internationales ont révélé une exploitation illégale des ressources congolaises par le Rwanda, alimentant les inquiétudes quant à la légitimité et à l'équité de cet accord. Pour la RDC, cet accord risque de renforcer les activités criminelles du Rwanda dans la région et de compromettre les efforts visant à stabiliser l'Est du pays.
Pour Christophe Lutundula : “A travers de multiples réseaux mafieux et des sociétés-écrans montées par ses dirigeants, le Rwanda tire ces minerais et autres matières premières stratégiques de la République Démocratique du Congo qui en regorge en abondance. Dès lors, s'arranger avec le Rwanda pour développer les chaînes de valeur durable pour les matières premières critiques et stratégiques qu'il ne possède pas, ne peut avoir pour conséquence que d'accentuer l'exploitation illicite des richesses naturelles du Congo par le Rwanda, dont la prospérité est fondée sur cette activité criminelle et de lui donner davantage les moyens d'agresser la République Démocratique du Congo."
D’un autre côté, le porte-parole du gouvernement congolais et ministre de la communication Patrick Muyaya a également réagi. Pour la bouche autorisée de Kinshasa, c’est inquiétant qu’une institution qui promeut et défend les droits humains signe un protocole d’accord sur les chaînes de valeurs durables pour les matières premières avec un pays qui n’en possède pas.
“Un pays qui bat le record en terme de violation des droits humains les plus élémentaires. Un pays receleur. Ni compassion, ni considération pour les millions des morts, les déplacés, victimes de cet odieux pillage entretenu depuis bientôt 30 ans par le Rwanda”, fulmine Patrick Muyaya, qui estime qu’il n’est jamais tard pour bien faire.
Dans l’opinion publique congolaise, cet accord a suscité un vif débat, remettant une fois de plus en question l'engagement de l'UE envers la paix et la justice dans la région. Nombreux sont ceux qui voient dans cette initiative une forme de complicité avec les agresseurs de la RDC, sapant ainsi les valeurs universelles de démocratie et de respect des droits de l'homme que l'UE dit défendre.