
Médecin Sans Frontières (MSF), menant ses actions humanitaires en République Démocratique du Congo depuis plusieurs décennies, spécialement dans la partie Est de la RDC qui sombre dans le chaos depuis la guerre de l'ADFL, considère l'ampleur de la crise humanitaire due à la guerre du M23 comme une crise historique.
Dans une interview avec Yoan Buiossel, chef de mission adjoint de MSF, il fait une comparaison de la situation humanitaire au Nord-Kivu entre toutes les crises vécues dans cette partie de la RDC. En conclusion, cette organisation non gouvernementale mentionne un risque de crise historique car, souligne-t-elle, l'ampleur de la crise actuelle a largement dépassé la situation vécue en 2012 lors de la guerre de la même rébellion.
"On mentionne le risque d'une crise historique. Sur la RDC, MSF est là depuis plusieurs décennies. On a fait face aux nombreuses crises, mais effectivement sur la dernière décennie, on fait face à une crise d'une ampleur qu'on n'a pas rencontré depuis la crise de 2012. Autour de Goma, on a pas eu une crise d'une telle ampleur...", explique Yoan Bruiossel.
Selon lui, il y a eu dans les premières guerres du Congo des crises de très grande ampleur auxquelles MSF a répondu, mais affirme dans la foulée que ce qu'il voit actuellement autour de Goma particulièrement amène les équipes de cette ONG internationale à s'inquiéter énormément sur les conséquences qui peuvent survenir dans les jours à venir avec un doublement de la population déplacée dans les différents camps érigés autour de Goma.
"On parle d'un doublement de la population dans les camps dans l'espace d'à peine trois semaines. Deux (2) cent mille personnes qui arrivent dans un si court espace et dans des conditions étant déjà dramatiques. On était déjà loin en dessous de ce qu'on peut apporter comme réponse. On avait déjà des défis énormes à apporter l'assistance aux populations dans les camps déjà établis et cette arrivée massive et très rapide dans des camps informels nous amène à nous inquiéter de ce qui peut arriver dans les semaines et les lois avenir", s'inquiète-t-il.
Depuis l'intensification des affrontements entre le M23 et les FARDC soutenus par des forces pro gouvernementales dans plusieurs cités du territoire de Masisi ayant conduit à la relocalisation des actions humanitaires de MSF dans certains villages et causé un déplacement massif de la population vers la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo, la situation humanitaire des déplacés reste précaire et plusieurs organisations humanitaires ont cessé leurs interventions dans les différents camps.
Diddy MASTAKI, Goma