
Un concert caritatif initialement prévu pour le 7 avril 2025 à l’Accor Arena de Paris a suscité une vive controverse. L’événement, intitulé « Solidarité Congo », devait réunir des artistes de renom tels que Gims, Youssoupha, Angélique Kidjo et Gazo afin de récolter des fonds pour l’UNICEF en soutien aux enfants victimes du conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Cependant, la date choisie pour ce concert s’est révélée hautement sensible. Le 07 avril marque la Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis, instituée par les Nations-Unies. Cette commémoration, qui rappelle le début des massacres de 1994 au Rwanda, est un jour de deuil pour les survivants et leurs familles.
Une date perçue comme une provocation ?
Pour de nombreuses voix issues des milieux diplomatiques et des associations Rwandaises, programmer un événement festif à cette date est une insulte à la mémoire des victimes. Marcel Kabanda, Président de l’association Ibuka France, qui représente les rescapés du génocide, a dénoncé un choix incompréhensible et inapproprié :
« Le 7 avril est un jour de recueillement pour la communauté rwandaise. Choisir cette date pour un concert, quelle qu’en soit la cause, est au mieux une négligence, au pire une provocation ».
L'affaire a pris une ampleur encore plus grande en raison de la présence de Gims en tête d'affiche. L’artiste Congolais est accusé par certains membres de la communauté Rwandaise d’avoir tenu par le passé des propos perçus comme hostiles aux Tutsis. En 2022, une déclaration controversée dans laquelle il affirmait que « Kagamé rime avec croix gammée » avait suscité de vives réactions, certains y voyant une référence inappropriée au régime nazi.
L’UNICEF et les organisateurs appellent au report
Confrontée à une polémique croissante, l’UNICEF, principal bénéficiaire des fonds collectés, a demandé le report du concert afin d'éviter toute controverse. L’organisation a reconnu l’importance du 07 avril pour la communauté Rwandaise et affirmé son souhait de ne pas heurter les sensibilités.
De leur côté, les organisateurs du concert ont assuré qu’il n’y avait aucune intention politique derrière le choix de la date et ont annoncé des discussions en cours pour trouver une alternative.
Une controverse révélatrice des tensions mémorielles
Cette situation met en évidence la fragilité des mémoires collectives en Afrique Centrale et les tensions persistantes entre le Rwanda et la RDC. Si l’objectif du concert était purement humanitaire, il rappelle aussi que la mémoire des tragédies passées demeure un enjeu hautement sensible.
Ce débat souligne également l'importance, pour les organisateurs d'événements internationaux, de prendre en compte les sensibilités historiques et culturelles afin d’éviter des malentendus et de favoriser le respect mutuel entre les communautés.
L'avenir de l'événement « Solidarité Congo » reste désormais en suspens, mais une chose est certaine : la gestion de cette controverse influencera les futures initiatives de solidarité et de commémoration en Afrique et au-delà.
Diddy MASTAKI