
Au cœur du désert du Golfe, loin des collines du Kivu et des volcans Rwandais, une rencontre jugée « historique » s’est tenue le 18 mars à Doha, capitale du Qatar. C’est là que les Présidents Paul Kagame et Félix Tshisekedi ont entamé un dialogue direct, sous les auspices d’un médiateur inattendu : l’Émirat du Qatar.
Depuis Addis-Abeba où il participe à une conférence diplomatique, le ministre Rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, est revenu sur ce moment rare d’échange entre deux (02) Chefs d’État que tout oppose depuis plusieurs mois. « Les discussions ont été franches et constructives », affirme-t-il au micro d’Al Jazeera. « C’est une première étape vers la paix que nous saluons ».
La partie Est de la RDC, en proie à une guerre larvée et à une insécurité endémique, attend désespérément des signaux de détente. Pour M. Nduhungirehe, cette rencontre de Doha est justement un signe d’ouverture. Il salue aussi le rôle discret mais ferme du Qatar, pays désormais bien installé dans l’arène des médiations africaines : « Nous soutenons fermement les efforts de Doha pour résoudre notre différend avec la RDC ».
Le Qatar, arbitre discret d’un conflit Africain
Souvent cantonné à des médiations au Moyen-Orient, l’Emirat mise désormais sur l’Afrique Centrale pour étendre son influence diplomatique. Doha propose un cadre neutre, loin des passions régionales, pour rapprocher Kigali et Kinshasa, divisés par des années de soupçons, de conflits armés et d’accusations mutuelles.
La présence persistante du M23 dans le Nord-Kivu, que la RDC accuse le Rwanda de soutenir, reste au cœur des tensions. Kigali rejette toute implication, mais la méfiance est tenace. Chaque regain de violence sur le terrain ravive le spectre d’un affrontement ouvert entre deux (02) pays déjà marqués par les blessures du passé.
Une paix encore fragile
Les avancées de Doha restent timides, mais elles ont le mérite d’exister. Des diplomates Africains et occidentaux y voient une « fenêtre d’opportunité » à ne pas refermer. Des consultations régulières, un comité de suivi et un plan de désarmement seraient en discussion, selon plusieurs sources.
Pour l’heure, aucune annonce conjointe n’a été faite. Mais à Kigali comme à Kinshasa, les observateurs notent un ton légèrement plus mesuré. Reste à savoir si ce souffle diplomatique survivra aux prochaines secousses sur le terrain.
Diddy MASTAKI