
Le prix Nobel de la paix, Dr Denis Mukwege, accompagné de 42 signataires issus de la société civile, du monde académique et de la diaspora congolaise, a adressé une lettre ouverte au Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi, l’exhortant à ne pas compromettre la souveraineté nationale ni céder les ressources stratégiques de la République Démocratique du Congo dans le cadre des négociations internationales actuellement en cours.
Dans cette missive datée du 29 avril, les signataires dénoncent ce qu’ils qualifient de « menace existentielle sans précédent » pour le pays. Ils pointent du doigt l’occupation de larges portions du territoire national par l’armée Rwandaise et ses alliés du M23 et de l’Alliance Fleuve Congo, soulignant que plus de dix millions de Congolais vivent aujourd’hui dans des conditions de terreur et de précarité extrême, notamment dans les provinces du Nord et Sud-Kivu.
« Les paysages superbes du Nord et du Sud Kivu sont jalonnés de fosses communes, certaines anciennes, d'autres fraîches », écrit Dr Mukwege, rappelant l’ampleur des souffrances endurées par les civils.
La lettre critique également les processus de négociations en cours à Doha et à Washington, jugés opaques et exclusifs, notamment la Déclaration de principes signée le 25 avril au Département d'État Américain. Les signataires soulignent que toute initiative d’intégration économique régionale ne saurait se faire au détriment des droits souverains du peuple Congolais sur ses terres et ses ressources.
S’appuyant sur plusieurs articles de la Constitution, notamment les articles 5, 56, 57 et 214, la lettre rappelle au chef de l’État son devoir de protéger la souveraineté nationale et de veiller à ce que tout accord engageant le pays soit soumis à l’approbation du Parlement.
« Vous ne pouvez ignorer que les traités de paix, de commerce ou liés au règlement des conflits internationaux ne peuvent être ratifiés ou approuvés qu'en vertu d'une loi », insiste-t-elle.
En conclusion, les signataires appellent à l’inclusion de la justice transitionnelle dans les démarches de paix, à des consultations nationales larges et à une position ferme du Président en faveur des intérêts du peuple congolais lors de son prochain séjour à Washington.
Ils s'appuient également sur les paroles du Pape François, prononcées lors de sa visite à Kinshasa en 2023, dénonçant un nouveau « colonialisme économique » qui maintient le Congo dans une dépendance structurelle malgré ses ressources colossales.
« Ne sacrifiez pas les minerais Congolais. Ne bradez pas notre avenir », lance enfin la lettre, véritable cri du cœur en faveur de la souveraineté, de la paix durable et de la justice.
Diddy MASTAKI