
De 1982 à 1983 et de 1990 à 1991, la République Démocratique du Congo commence une nouvelle aventure au conseil de sécurité des Nations-Unies.
La République Démocratique du Congo (RDC) s’apprête à retrouver une place au sein du Conseil de sécurité des Nations-Unies en tant que membre non permanent pour la période 2026-2027. Cette candidature, soutenue par l’Union Africaine et non contestée au sein du groupe Africain, marque le retour de la RDC à cette instance stratégique de gouvernance mondiale, après plus de trois décennies d'absence.
Membre de l’ONU depuis 1960, peu après son indépendance, la RDC a déjà siégé deux fois au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent : de 1982 à 1983 et de 1990 à 1991. En se portant officiellement candidate pour le cycle 2026-2027, Kinshasa concrétise une ambition annoncée dès 2021, lorsqu’elle avait volontairement retiré sa candidature en faveur du Gabon lors du cycle 2022-2023.
À travers cette démarche, la RDC entend aujourd’hui faire entendre sa voix sur les grandes questions de paix et de sécurité internationales, forte de son expérience de terrain en matière de conflits armés, de consolidation de la paix et de gouvernance des ressources naturelles.
Une expérience à valoriser au Conseil
La RDC souhaite mettre à profit sa place au Conseil pour porter plusieurs priorités : la gouvernance éthique des ressources naturelles, la mise en œuvre efficace des programmes de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR), ainsi que la prise en compte des enjeux environnementaux dans la prévention des conflits.
Pays immensément riche en ressources stratégiques dont les minerais nécessaires à la transition énergétique mondiale mais aussi confronté à leur exploitation illégale et violente, la RDC propose une approche axée sur la transparence, la durabilité et la justice économique. Elle plaide notamment pour une régulation internationale renforcée, à l’image du Processus de Kimberley pour les diamants, afin de couper les liens entre ressources naturelles et financement des conflits.
En matière de paix et sécurité, Kinshasa veut aussi faire de l’efficacité des mécanismes DDR un sujet central des discussions du Conseil, convaincue que leur bonne mise en œuvre est indispensable pour prévenir la résurgence des violences armées, en particulier dans les régions post-conflit.
Un pays au cœur des missions de l’ONU
Pays hôte de la plus importante mission de maintien de la paix des Nations-Unies la MONUSCO, la RDC entend apporter au Conseil de sécurité une expertise unique sur les défis et les opportunités des opérations de paix de l’ONU. Alors que la réforme des missions de maintien de la paix est à l’ordre du jour au niveau international, Kinshasa pourra contribuer à faire évoluer les débats avec la perspective d’un pays qui a vécu, depuis deux décennies, l'intervention directe et multiforme des Casques bleus sur son sol.
De plus, avec ses vastes forêts, ses tourbières et ses ressources en eau douce notamment le bassin du Congo, la RDC souhaite également porter la voix de l’Afrique dans les discussions sur le lien entre changement climatique et sécurité, domaine de plus en plus reconnu au sein du Conseil.
Une ambition continentale
La RDC se présente non seulement en tant qu’acteur engagé pour sa propre stabilité, mais aussi comme porte-voix du continent Africain. Elle aspire à renforcer la représentation et l'influence de l’Afrique dans la prise de décisions globales sur les crises contemporaines, en plaidant pour des approches inclusives, solidaires et tournées vers les solutions durables.
Si son élection est confirmée lors de l’Assemblée générale du 03 juin 2025, la RDC entamera son mandat au 1er janvier 2026. Elle rejoindra alors les 14 autres membres du Conseil dont cinq permanents pour une durée de deux (02) ans, avec la lourde responsabilité de contribuer activement à la gestion des conflits, à la promotion de la paix et au maintien de la sécurité internationale.
Diddy MASTAKI