
La situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo continue d’inquiéter au plus haut niveau. Un rapport accablant de la Commission mixte Défense, Sécurité, Frontières et Relations extérieures du Sénat révèle des données alarmantes sur les mouvements de troupes et les violations des droits humains dans les zones de conflit.
Selon ce document, environ 1 500 éléments des Forces Armées de la RDC (FARDC) ont été envoyés à Rumangabo pour reconditionnement, dont 1 000 sont actuellement déployés en renfort à Walikale, épicentre des tensions. En parallèle, près de 500 policiers de la Police nationale congolaise (PNC) opèrent dans des zones sous contrôle ennemi, souvent au péril de leur vie.
Mais c’est surtout la mention de 300 éléments, majoritairement issus de la Garde républicaine, déportés au Rwanda, et 150 résistants sommairement exécutés, qui suscite une vive inquiétude dans les milieux politiques et sécuritaires.
Ce rapport est issu d’une série d’auditions menées par la Commission mixte du Sénat, coprésidée par les sénateurs José Mpanda et Christophe Lutundula, mandatée par la plénière du Sénat pour faire toute la lumière sur l’état actuel du conflit à l’Est, et orienter les débats sur une possible nouvelle prorogation de l’état de siège.
« Au regard de la gravité de la situation à l’Est, où notre pays est agressé par le Rwanda et ses supplétifs du M23/AFC, il était crucial que les ministres concernés viennent s’expliquer devant la représentation nationale », a déclaré le sénateur José Mpanda à la presse, au terme d’une séance de travail tenue au Palais du Peuple.
Ont déjà été entendus : le Vice-premier Ministre, ministre de l’Intérieur ; le Vice-premier Ministre, ministre de la Défense nationale ; et le ministre de la Justice. D’autres membres du gouvernement sont attendus, notamment la ministre des Affaires étrangères, qui devra s’exprimer sur la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, et la ministre des Affaires sociales, pour la situation des déplacés internes.
Les conclusions de la commission seront soumises au Bureau du Sénat avant d’être présentées à la plénière. Ces éléments permettront aux élus de prendre une décision éclairée sur la prorogation ou non de l’état de siège dans les provinces affectées.
Face à l’ampleur des faits révélés, une question cruciale s’impose : la RDC saura-t-elle rétablir la souveraineté et la sécurité sur ses terres orientales, sans compromettre les droits humains ni la cohésion nationale ?
Diddy MASTAKI