
Le Burundi a officiellement refusé l’entrée sur son territoire à plusieurs ressortissants Congolais détenteurs de documents de voyage estampillés par les autorités de facto de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC)/M23, qui contrôlent depuis plusieurs mois les villes stratégiques des Goma et Bukavu. Une note officielle datée du 07 mai 2025, émanant du Commissariat Général des Migrations du Burundi, en atteste.
Dans le document référencé N° S30/02.06.07/20/2025 et signé par les services aéroportuaires, les autorités Burundaises invoquent l’article 5 du décret-loi N° I/25 du 25 novembre 2021 sur la réglementation des migrations, pour justifier le refus d’accès à huit (08) citoyens Congolais. Il leur est reproché d’avoir présenté à la frontière des documents de voyage comportant des cachets de sortie délivrés par les agents de la DGM sous contrôle de l’AFC/M23, une entité jugée « illégitime » par Bujumbura.
Les personnes concernées sont :
1. Machumu Mushayuma Gloire Step ;
2. Mambo Inakazirwa Tyty ;
3. Ntumba Kateta Sylvain ;
4. Bwemere Mungwete Josué ;
5. Rhubane Buhinda Jean Bosco ;
6. Kulimushi Buhandja Guillain ;
7. Kulondwa Byenda Jean-Claude ;
8. Bruppacher Mambo Marc-W.
Ce refus marque une première au sein de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), dont font partie à la fois la RDC et le Burundi. Jusqu’ici, aucun État membre n’avait publiquement rejeté les documents délivrés par les autorités rebelles contrôlant les zones de l’Est Congolais.
Un message diplomatique fort
Par cette décision, le Burundi envoie un signal clair, dénonçant implicitement la légitimité que pourraient chercher à se construire les rebelles du M23 à travers la gestion des postes frontaliers et la délivrance de documents officiels. Ce geste pourrait entraîner des tensions diplomatiques au sein de l’EAC, où la RDC accuse certains pays de soutenir ou de fermer les yeux sur les agissements du M23, notamment le Rwanda.
Contexte tendu dans l’Est de la RDC
L’AFC/M23, un mouvement rebelle soutenu selon Kinshasa par Kigali, contrôle depuis plusieurs mois de larges portions du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, y compris les postes frontières vers le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. La gestion administrative imposée dans ces zones comprend notamment l’apposition de cachets de sortie et l’émission de documents de voyage, dans une tentative manifeste d’instaurer une forme d’autorité étatique parallèle.
Avec cette décision du Burundi, un précédent est créé qui pourrait encourager d’autres États de la région à prendre des mesures similaires. Elle soulève aussi la question du statut des Congolais de l’Est tentant de voyager ou de chercher asile dans les pays voisins, alors que la guerre a déjà déplacé plus de sept (07) millions de personnes à l’intérieur du pays selon les Nations-Unies.
Diddy MASTAKI