
Dans une adresse solennelle à la nation ce vendredi 23 mai, l’ancien président Joseph Kabila est revenu sur l’accord de coalition conclu avec son successeur Félix Tshisekedi en 2019, dénonçant une trahison politique aux conséquences dévastatrices pour la République démocratique du Congo.
« Vu l’importance stratégique de notre pays et le rôle qu’il est appelé à jouer, j’avais… conclu avec lui un accord », a-t-il déclaré. Selon Kabila, cet accord visait à stabiliser la jeune démocratie congolaise, à garantir un exercice effectif du pouvoir par le nouveau président malgré la faible représentation de sa famille politique au Parlement, et à éviter les crises institutionnelles majeures.
Cependant, l’ancien chef de l’État dénonce aujourd’hui une série de reniements et de violations constitutionnelles orchestrées par le régime en place, au mépris du Pacte républicain issu de Sun City. Il cite notamment un "coup d’État institutionnel" en décembre 2020, la nomination illégale des membres de la CENI, et les élections de décembre 2023 entachées d’irrégularités massives.
Kabila dresse un tableau sombre de la situation actuelle : perte de cohésion nationale, retour du tribalisme, effondrement de l’État de droit, instrumentalisation de la justice, dérives autoritaires, corruption généralisée, aggravation de la pauvreté, et désespoir de la jeunesse.
L’ancien président affirme avoir légué en 2019 un pays réunifié, pacifié, économiquement stable, et doté d’institutions solides. Six ans plus tard, selon lui, cet héritage a été « complètement dilapidé », au profit d’une gouvernance qu’il qualifie de populiste, mensongère et dangereusement clivante.
« L’échec d’un régime compromet, mais ne scelle pas définitivement le sort d’un peuple », a-t-il déclaré en guise d’espoir pour l’avenir.
Plusieurs congolais estiment que ce discours marque une rupture nette avec la réserve habituelle de Joseph Kabila et alimente les spéculations sur son retour actif dans l’arène politique.
Gloiredo Ngise