
Le mouvement LUCHA (Lutte pour le Changement) a pris acte des récentes déclarations du gouvernement congolais et du mouvement rebelle M23-AFC, soutenu par le Rwanda, suite aux pourparlers de paix facilités par le Qatar. Si l'organisation citoyenne salue tout effort visant à apaiser la souffrance des populations civiles de l'est de la République Démocratique du Congo, elle exprime une vive préoccupation quant à la répétition des schémas qui, par le passé, n'ont fait qu'alimenter le cycle de violence dans la région.
Fort de l'expérience amère des dialogues antérieurs avec des rébellions armées telles que l'AFDL, le RCD et le CNDP, la LUCHA rappelle que ces processus n'ont jamais abouti à une paix durable. Au contraire, ils ont souvent débouché sur des amnisties généralisées pour les auteurs de crimes graves, l'intégration problématique de rebelles au sein des forces de sécurité et l'octroi d'avantages politiques à des groupes armés. Ces "accords de paix" ont ainsi contribué à affaiblir l'État et à légitimer la prise du pouvoir par les armes.
À l'approche d'un nouveau dialogue à Doha, la LUCHA tire la sonnette d'alarme contre la tentation de conclure des accords qui récompenseraient les criminels au détriment des victimes, affaibliraient davantage les services de sécurité et compromettraient les principes démocratiques. L'organisation se positionne fermement contre tout accord qui consacrerait une amnistie générale pour les responsables de crimes graves. Pour la LUCHA, il est impensable que les auteurs et commanditaires d'homicides, de viols, d'enrôlements forcés, de pillages et autres atrocités échappent à la justice. Un dialogue qui ignore le besoin de justice et de réparation des victimes ne saurait engendrer une paix véritable.
Pour l'intégration collective des rebelles dans l'armée nationale, la LUCHA estile qu'une telle pratique, outre son illégalité, s'est avérée contre-productive, minant la loyauté et l'efficacité des forces de sécurité. Des rebelles intégrés collectivement manquent souvent de loyauté envers la nation et peuvent se retourner contre leurs frères d'armes. Un accord qui entérinerait une telle intégration compromettrait la construction d'une armée nationale forte et fiable.
Pour ce mouvement, une représentation des rebelles dans les instances politiques est une erreur à éviter car il faut préserver les principes démocratiques et de mettre fin à la légitimation de la violence comme moyen d'accéder au pouvoir. Accorder des responsabilités politiques à des individus uniquement en raison de leurs actes criminels ou de leurs menaces saperait la démocratie et normaliserait le recours à la violence.
Face à la crise multidimensionnelle que traverse le pays, la LUCHA plaide pour un dialogue véritablement inclusif, réunissant toutes les forces sociales et politiques nationales. Un tel dialogue devrait s'attaquer en profondeur aux causes profondes des conflits armés, aux problèmes de gouvernance et aux crises politiques, afin de trouver des solutions durables pour la paix et le développement du Congo.
Daudi Amin