
Alors que les pourparlers de paix initiés à Doha (Qatar) appellent au cessez-le-feu entre les parties en conflit dans l’Est de la RDC, la réalité du terrain semble défier tous les engagements diplomatiques. La chute de la localité de Lunyasenge, survenue le week-end dernier entre les mains des rebelles du M23, en est la preuve flagrante. Cette violation manifeste du cessez-le-feu soulève de sérieuses interrogations sur l’opportunité pour le gouvernement Congolais de maintenir sa posture défensive, notamment face à la menace qui plane désormais sur Kyavinyonge, cité lacustre stratégique du territoire de Beni.
Kyavinyonge, verrou stratégique vers le Grand Nord
Perchée sur les rives du lac Édouard, Kyavinyonge est plus qu’un village de pêcheurs : elle est un pivot géostratégique qui permet un accès direct à Beni par le cite frontalière avec l'Ouganda de Kasindi-Lubirihya, Butembo située à environ 80km, et à d'autres axes majeurs du Nord-Kivu. Si cette cité tombait aux mains du M23, cela créerait une brèche critique dans la défense du Grand Nord, menaçant la sécurité de millions de civils déjà éprouvés par les années de conflit.
Après Lunyasenge, le risque d’effet domino
La prise de Lunyasenge par le M23 le 2 mai dernier a envoyé un signal fort : les rebelles poursuivent leur avancée malgré les engagements signés à Doha. Située dans le territoire de Lubero, cette localité représentait un point tampon. Sa chute, sans une réponse militaire adéquate, fragilise davantage les lignes de défense et laisse présager un effet domino qui pourrait accélérer la chute d’autres positions comme Kyavinyonge.
Cessez-le-feu unilatéral : un piège stratégique ?
Face à ces évolutions, de nombreuses voix s’élèvent au Nord-Kivu pour demander au gouvernement Congolais de rompre un cessez-le-feu devenu unilatéral. Car pendant que les FARDC observent les engagements de Doha, le M23, lui, avance. Les populations locales, elles, paient le prix du silence diplomatique.
Kyavinyonge : enjeu militaire et humanitaire
Kyavinyonge sert également de carrefour logistique pour le ravitaillement des zones isolées. Sa perte compliquerait l’accès humanitaire vers Beni, Lubero et Oïcha. En défendant cette cité, les autorités défendraient non seulement un point militaire crucial, mais aussi un couloir vital pour les civils.
L’histoire récente de l’Est congolais montre que chaque recul sans riposte renforce les forces hostiles. Après Lunyasenge, le gouvernement Congolais ne peut plus se permettre l’attentisme. Il est impératif de protéger Kyavinyonge pour éviter un nouveau désastre sécuritaire et humanitaire. Défendre cette cité, c’est protéger l’ensemble du Grand Nord-Kivu.
Diddy MASTAKI