
RDC : 20 ans de prise en charge du VIH/SIDA par MSF, “d’énormes défis restent à relever dans la lutte”
Depuis plus de 20 ans, Médecin sans Frontières est engagé dans la lutte contre le VIH/SIDA en République Démocratique du Congo, aux côtés du Ministère de la Santé. Cependant, MSF souligne que plusieurs avancées ont été réalisées et que d’énormes défis restent à relever dans la lutte contre le VIH/SIDA.
Dans un communiqué de presse publié le jeudi , à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, MSF constate que malgré des progrès considérables au cours des vingt dernières années, des lacunes importantes subsistent dans l’accès au dépistage et aux traitements, causant des milliers de décès évitables chaque année.
Selon l’organisation humanitaire, « le travail de MSF au cours des vingt dernières années s’est déroulé dans un contexte général d’insuffisance des ressources dans la lutte contre le VIH/sida », a déclaré le Dr Mashako.
« En 2008, lorsque nous avons créé le centre hospitalier de Kabinda pour prendre en charge les nombreux patients en phase avancée de la maladie, nous ne pensions pas qu’il serait encore plein plus de dix ans après. Mais il l’est… Et cela reflète les immenses difficultés de la lutte contre le VIH/SIDA dans le pays », dit-elle.
Des lacunes importantes constatées
Selon le communiqué, la situation en 2022 est incomparable à celle de 2002 : l’accès aux traitements a été largement étendu et, au cours des dix dernières années, le nombre de nouvelles infections a diminué de moitié. Cependant, « en 2021, 14 000 personnes sont encore mortes du VIH en RDC, selon l’ONUSIDA, ce qui démontre les lacunes de tous les piliers de la lutte contre le VIH – prévention, dépistage, traitement et soins ».
« La RDC dépend presque exclusivement des donateurs internationaux dans la lutte contre le VIH/sida. Or, leur soutien est insuffisant face à l’ampleur des défis. C’est une réalité que nous dénonçons depuis des années », déclare le Dr Mashako.
« L’année dernière, l’ONUSIDA estimait qu’une personne sur cinq vivant avec le VIH en RDC n’avait toujours pas accès au traitement. Le niveau de financement disponible est en grande partie responsable de l’absence de dépistage volontaire gratuit, du manque de formation des prestataires de soins de santé, des pénuries chroniques d’intrants et des disparités massives entre les provinces. Par exemple, seules trois provinces disposent d’un équipement adéquat pour mesurer la charge virale des patients, ce qui est essentiel pour évaluer la progression de l’infection et l’efficacité de leur traitement.
MSF s’inquiète des reculs observés, qui constituent un frein à l’avènement d’une génération sans sida d’ici 2030.
Ces dernières années, la lutte contre le VIH/sida a même connu des reculs. Selon le Programme national de lutte contre le sida, les activités visant à réduire la transmission du VIH de la mère à l’enfant – par le dépistage des femmes enceintes et leur mise sous traitement – sont en recul. Un quart des enfants nés de mères séropositives n’ont pas eu accès à une prophylaxie pédiatrique à la naissance, principalement en raison de la pénurie d’ARV pédiatriques. Plus globalement, deux tiers des enfants vivant avec le VIH ne sont pas sous traitement ARV.
« À ce rythme, nous sommes loin d’atteindre une génération sans sida d’ici 2030 », s’inquiète le Dr Mashako.
« Dans les centres de santé que nous soutenons à Kinshasa, plus d’un cinquième des patients diagnostiqués avec le VIH sont déjà à un stade avancé de la maladie. Pour nos équipes, qui sont les témoins quotidiens de la lutte et des obstacles rencontrés par les patients, ces 20 ans de prise en charge du VIH/SIDA sont, à bien des égards, un anniversaire amer », conclut-elle.