
Le 17 octobre 1999, la province du Sud-Kivu, en République démocratique du Congo, a été le théâtre d’un des épisodes les plus sombres de son histoire récente. Quatorze femmes de Mwenga ont été enterrées vivantes après avoir été violées et torturées par le groupe armé Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), soutenu militairement et logistiquement par le Rwanda. Ce crime, inscrit parmi les plus atroces de l’histoire contemporaine Congolaise, a profondément marqué les populations locales et reste aujourd’hui impuni.
Le RCD, formé en 1998 dans le contexte de la deuxième guerre du Congo, s’est distingué par des violences systématiques contre les civils, notamment dans les territoires de Mwenga, Shabunda, Kalehe et Fizi. Les habitants étaient victimes de violences sexuelles, d’assassinats ciblés, de pillages et de déplacements forcés, dans le but d’imposer un contrôle sur les ressources naturelles et les zones stratégiques de l’Est du pays. Les femmes et les jeunes filles ont été particulièrement ciblées pour des atrocités sexuelles, une pratique devenue tristement emblématique des crimes de guerre dans la région.
Le prix Nobel de la paix, Denis Mukwege, qui consacre sa vie à la défense des victimes de violences sexuelles, a rappelé dans un message publié récemment que 26 ans après Mwenga, la justice n’a toujours pas été rendue. Il a insisté sur la nécessité de dignité et de sépulture pour les victimes et a exhorté les autorités à poursuivre les criminels identifiés.
« Nous continuons à exiger que les criminels connus répondent de leurs actes », a déclaré Denis Mukwege, soulignant que l’impunité nourrit le cycle de la violence et fragilise la paix durable dans l’Est de la RDC.
Les massacres de Mwenga ne sont pas des cas isolés. Ils s’inscrivent dans un pattern récurrent de violences dans l’Est de la RD. Congo, où les groupes armés étrangers et locaux, y compris les récents mouvements comme le M23, continuent de semer la terreur parmi les populations civiles, reproduisant des mécanismes de peur, de déplacement et d’exploitation des ressources.
Aujourd’hui, la mémoire des victimes du RCD reste un symbole du combat pour la justice en RDC. Les survivants et les familles attendent toujours que le système judiciaire national et international reconnaisse les crimes et traduise les responsables en justice, afin que la paix et la sécurité puissent enfin s’installer durablement dans le Sud-Kivu et l’ensemble de la région des Grands-Lacs.
Diddy MASTAKI