
La récente condamnation de l'ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo dans l'affaire du parc Agro-Industriel de Bukanga-Lonzo continue de faire des vagues sur la scène politique congolaise. Parmi les réactions les plus virulentes figure celle d’un homme politique Congolais dont les déclarations et les prises de position passées, désormais exhumées des réseaux sociaux, suscitent débats et interrogations.
Dans un message publié peu après le verdict rendu par la Cour constitutionnelle, ce cadre de l’opposition n’a pas mâché ses mots. Dénonçant une « farce judiciaire », il a qualifié la haute juridiction de « laquais de la dictature », estimant que cette décision scelle l’effondrement de l’État de droit en République Démocratique du Congo.
« Au fil de ses décisions iniques, la Cour constitutionnelle s’est transformée en véritable laquais de la dictature... Ce verdict scélérat, forgé pour abattre un rival, empeste la justice prostituée au service d’un clan... », a-t-il notamment écrit, appelant l’ensemble de l’opposition à se ranger derrière Matata Ponyo.
Mais cette envolée verbale a rapidement ravivé la mémoire des certains Congolais, qui n’ont pas tardé à ressortir d’anciennes publications de ce même acteur politique. En 2018, alors farouche opposant au régime Kabila, il appelait à des poursuites contre les auteurs présumés de détournements massifs dans plusieurs dossiers, dont précisément… Bukanga-Lonzo.
Dans un tweet au vitriol publié le 18 juin 2018, il interpellait publiquement le Parquet Général de la République : « Monsieur le PGR, vous n’êtes pas indifférent face aux révélations accablantes de la presse ? Et Bukangalonzo ? Si le ridicule pouvait tuer, vous seriez foudroyé ! »
Cette contradiction apparente entre ses positions d’hier et d’aujourd’hui fait grincer des dents. Pour certains observateurs, elle illustre un mal profond du paysage politique congolais : l’instrumentalisation de la justice au gré des intérêts partisans et des circonstances.
D’autres y voient plutôt le signe d’un combat permanent contre un système jugé incohérent et corrompu, dans lequel les rôles de bourreau et de victime changent selon les alliances politiques du moment.
Au cœur de cette controverse, la question essentielle demeure : la justice Congolaise est-elle en train de servir la vérité ou de régler des comptes politiques ?
Une chose est sûre : l’affaire Bukanga-Lonzo n’a pas fini de diviser. Elle met à nu, une fois de plus, la fragilité de la démocratie Congolaise et les défis d’une justice appelée à faire l’équilibre entre droit, vérité et indépendance.
Diddy MASTAKI