
Le porte-parole du gouvernement Congolais, Patrick Muyaya, a salué dimanche 08 juin la décision qualifiée d’« historique » prise par la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) lors de son 26ᵉ sommet ordinaire, tenu le 07 juin à Malabo, en Guinée Equatoriale. Pour la première fois, l’organisation régionale a reconnu officiellement l’implication militaire du Rwanda dans les conflits armés qui secouent l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).
Dans une déclaration publiée sur son compte X (Anciennement Twitter), Patrick Muyaya a exprimé sa satisfaction face à cette reconnaissance, tout en appelant à une solidarité régionale plus marquée pour faire face à ce qu’il qualifie d’« agression Rwandaise ».
« L’on ne peut pas continuellement et volontairement violer les principes qui fondent nos institutions régionales et prétendre vouloir les présider », a-t-il lancé, visant directement Kigali.
Le porte-parole du gouvernement Congolais a également dénoncé les tentatives de désinformation à l’échelle internationale, qu’il attribue aux autorités Rwandaises. Selon lui, la vérité sur la situation dans l’Est du pays finira par triompher des « narratifs mensongers » et du lobbying politique orchestré par Kigali.
Cette reconnaissance par la CEEAC constitue un tournant diplomatique majeur pour Kinshasa, qui réclame depuis plusieurs années une réponse collective Africaine face au soutien présumé du Rwanda au groupe armé M23. Des accusations fermement rejetées par Kigali, qui y voit une tentative d’isolement politique et de diabolisation.
En réaction aux décisions du sommet de Malabo, le Rwanda a annoncé son retrait immédiat de la CEEAC, dénonçant une « instrumentalisation » de l’organisation par la RDC. Dans un communiqué publié samedi soir, le ministère Rwandais des Affaires étrangères a fustigé ce qu’il qualifie de « violation flagrante » de ses droits, notamment son exclusion de la présidence tournante prévue par l’article 6 du traité constitutif de la CEEAC.
« Le droit du Rwanda à exercer la présidence tournante a été préférentiellement ignoré, au profit du diktat imposé par la RDC », peut-on lire dans le communiqué officiel.
Le gouvernement Rwandais affirme avoir déjà exprimé ses préoccupations dans une lettre adressée en 2023 au Président en exercice de l’Union Africaine, dénonçant également son exclusion d’un sommet organisé à Kinshasa. Kigali déplore aujourd’hui l’absence de médiation continentale et remet en cause « l’efficacité des mécanismes de gouvernance régionale ».
Ce retrait du Rwanda intervient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre les deux pays. L’Est de la RDC demeure en proie à une instabilité chronique, aggravée par les activités des groupes armés dont le M23, que Kinshasa accuse Kigali de soutenir, ce que ce dernier continue de nier.
Fondée en 1983, la CEEAC regroupe onze (11) États d’Afrique Centrale, avec pour mission de favoriser l’intégration économique et de maintenir la paix dans la région. La reconnaissance de l’implication militaire du Rwanda marque une rare prise de position politique forte au sein d’une organisation souvent critiquée pour sa prudence.
Merveilles Kiro