Le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA) a appelé, dimanche 15 juin, à la démission immédiate du ministre de la Justice, Constant Mutamba, après son inculpation dans une affaire de détournement présumé de 19 millions de dollars américains destinés aux réparations des victimes des crimes commis par l’Ouganda en République Démocratique du Congo.
La LUCHA salue la décision de l’Assemblée nationale, qui a levé les immunités parlementaires du ministre, ouvrant ainsi la voie à des poursuites judiciaires. Le mouvement citoyen encourage la justice congolaise à « aller jusqu’au bout » dans ce dossier sensible, symbole, selon lui, d’une corruption systémique qui mine les institutions de l’État.
« Le détournement des fonds destinés aux victimes de pires atrocités est une insulte à leur mémoire et un supplice de plus pour les survivants », déplore le communiqué signé à Kisangani par la cellule de communication de la LUCHA.
Les fonds en question proviennent notamment du Fonds spécial de Réparation et d’Indemnisation des Victimes des Activités illicites de l’Ouganda (FRIVAO) et du Fonds National de Réparation des Victimes (FONAREV), deux mécanismes censés soutenir les victimes de la guerre des six (06) jours et d’autres exactions. La LUCHA accuse ces structures d’être devenues des « canaux de prédation au profit d’individus haut placés ».
Le mouvement citoyen ne s’arrête pas à la seule personne du ministre Mutamba. Il exhorte le Président Félix Tshisekedi et la Première ministre Judith Suminwa à « prendre leurs responsabilités » en exigeant ou en décrétant la révocation de ce dernier, afin de préserver l’indépendance de la procédure judiciaire.
En parallèle, la LUCHA appelle les deux (02) chambres du Parlement à créer une commission d’enquête sur la gestion des fonds du FONAREV et du FRIVAO depuis leur création, avec une participation active des associations de victimes et de la société civile. Le mouvement insiste sur la nécessité de rendre les conclusions de cette enquête publiques dans les plus brefs délais.
Ce scandale financier survient alors qu’un rapport d’Amnesty International publié récemment rappelle que, 25 ans après la guerre de Kisangani, les survivants attendent toujours une réparation concrète. Selon la LUCHA, il est « inacceptable » que les fonds censés soulager ces victimes soient détournés dans un silence complice.
Le communiqué revient également sur l’enquête initiée fin 2024 par Constant Mutamba contre le procureur général Firmin Mvonde pour l’acquisition présumée illégale d’un bien immobilier à Bruxelles. La LUCHA demande que cette enquête soit aussi examinée « avec rigueur », tout en appelant le procureur général à se « mettre en retrait » dans l’affaire visant Mutamba, afin de garantir l’impartialité des investigations.
Enfin, le mouvement citoyen réaffirme son engagement pour la justice, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. Il lance un appel à la mobilisation citoyenne pour exiger vérité, justice et réparation.
Diddy MASTAKI