Dans une lettre solennelle adressée au Président de la Républiquele mardi 17 juin, Constant Mutamba Tungunga, Ministre d’État, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, a annoncé sa démission, dénonçant un complot politique qu’il attribue à Kigali et à des forces internes infiltrées. Selon lui, ce complot vise à freiner les réformes engagées dans le secteur judiciaire et à affaiblir la riposte gouvernementale face à l’agression Rwandaise.
Dès l’entame de sa lettre, le ministre démissionnaire remercie le Chef de l’État pour la confiance placée en lui. Il dresse ensuite le bilan d’un mandat marqué, selon ses mots, par des réformes audacieuses et déterminantes, dans un système judiciaire longtemps considéré comme malade par les plus hautes autorités et la population congolaise.
Il affirme notamment avoir réhabilité les droits de nombreux citoyens, victimes d’injustices, et protéger les biens de l’État contre la prédation de réseaux mafieux. Plusieurs mesures phares illustrent cette action : le Guichet Unique de Création d’Entreprise a été redynamisé, permettant désormais de créer une société en deux jours ; les biens des entreprises du portefeuille de l’État ont été déclarés insaisissables ; une commission mixte de veille judiciaire a été mise en place pour lutter contre les spoliations abusives de biens privés ; et un système de gestion informatisée des procédures judiciaires a été introduit dans les juridictions de commerce.
Le ministre évoque également des actions judiciaires dissuasives, notamment l’ouverture de procédures contre les auteurs et complices de l’agression Rwandaise, certaines ayant abouti à des peines de servitude pénale et à la confiscation des biens. Des audiences foraines ont aussi été organisées dans la lutte contre le phénomène Kuluna, contribuant à une baisse notable de la criminalité urbaine à Kinshasa et dans d'autres grandes villes du pays.
Dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions issues des États généraux de la justice de novembre 2024, Constant Mutamba affirme avoir déposé à l’Assemblée nationale une loi sur la création d’un Tribunal Pénal Économique et Financier avec un parquet spécialisé, comme promis lors de la campagne présidentielle. Il souligne également la bancarisation des frais judiciaires, ayant conduit à une amélioration des recettes, ainsi que le désengorgement des prisons et l’amélioration des conditions de vie des détenus, ce qui a permis de réduire les décès liés à l’étouffement.
D’autres réformes structurelles ont été menées : la création et la distribution de sceaux officiels aux institutions publiques, la réforme de l’Inspection des services judiciaires et pénitentiaires, la relance de l’École de criminologie pour la formation des inspecteurs, ainsi que l’identification des églises et des pasteurs par la délivrance de permis d’exercice. Le ministère a aussi organisé des journées portes ouvertes et des consultations populaires, doté ses agents de moyens logistiques et procédé à la réhabilitation de plusieurs prisons et bâtiments judiciaires à travers le pays.
Mais à la surprise générale, alors qu’il menait encore des poursuites contre des cadres de l’AFC/M23, le ministre affirme avoir été frappé dans le dos, victime d’un complot politique conçu à l’étranger et exécuté par des complices internes. Il dit avoir échappé à plusieurs tentatives d’empoisonnement et d’élimination physique, avant d’être publiquement humilié dans ce qu’il qualifie d’acharnement.
« Ma loyauté envers votre autorité est indéfectible, et c’est ce dont je suis aujourd’hui victime », écrit-il, affirmant qu’il n’a jamais détourné un seul dollar de l’État. Il insiste sur sa probité et promet de continuer à se battre, hors du gouvernement, pour une justice équitable, ainsi que pour la souveraineté de la RDC face aux agressions extérieures.
Conformément à son devoir républicain, Constant Mutamba conclut en présentant sa démission, avec regret mais sans renoncer à ses engagements : « Je vous remets ce jour, non sans regret, ma démission pour faire face à ce complot politique dont se revendiquent le ministre Rwandais des Affaires étrangères et les responsables de l’AFC/M23, dont l’objectif ultime est mon élimination physique ».
Diddy MASTAKI