L’Assemblée Nationale a autorisé l’ouverture des poursuites judiciaires contre le ministre de la Justice, Constant Mutamba, soupçonné de détournement de fonds publics, tandis qu’elle a rejeté une requête similaire visant Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances et député national. Deux (02) décisions divergentes qui relancent le débat sur l’indépendance et l’impartialité de la justice en République Démocratique du Congo.
Sur 363 députés présents à la plénière de clôture de la session ordinaire de mars, 322 ont voté pour les poursuites contre Constant Mutamba, 19 ont voté contre, et 12 se sont abstenus. Le réquisitoire du Procureur général près la Cour de cassation l’accuse d’un détournement présumé de 19 millions de dollars, destinés à la construction d’une prison à Kisangani, dans la province de la Tshopo. Les auditions menées n’ont pas permis d’écarter les soupçons, bien au contraire, selon le magistrat instructeur.
« Elles ont permis de mieux comprendre et d’étayer les accusations portées contre lui », a déclaré le Procureur général.
En revanche, le dossier visant Nicolas Kazadi n’a pas connu le même sort. La Commission spéciale temporaire de l’Assemblée a jugé « inopportune » la demande de levée de ses immunités parlementaires, évoquant notamment une superposition des faits avec le dossier Mutamba. Kazadi est accusé d’outrage aux corps constitués et d’incitation au manquement à l’autorité publique, suite à des déclarations critiques sur la gouvernance du pays.
Déjà dans un précédent scandale portant sur la surfacturation de forages et de lampadaires, Kazadi avait été épargné, alors que François Rubota (Ancien ministre du Développement rural) et Guy Mikulu avaient été condamnés.
La différence de traitement entre les deux (02) personnalités politiques interpelle. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une justice à géométrie variable, où les décisions semblent dictées plus par les équilibres politiques que par les faits.
Alors que Constant Mutamba est poursuivi pour des faits graves de détournement, Nicolas Kazadi, bien qu’impliqué dans plusieurs dossiers, semble bénéficier d’un traitement plus clément. Une situation qui alimente les critiques sur le manque d’objectivité et le parti pris dans la gestion des affaires judiciaires au sommet de l’État.
Des observateurs appellent à une véritable neutralité de l’appareil judiciaire, afin de garantir que toutes les personnalités publiques, qu’elles soient de la majorité ou de l’opposition, soient soumises aux mêmes exigences de transparence et de responsabilité.
Gloiredo Ngise